


Maxime
Hagenmüller
Le choix de la musique
J. J. QUANTZ, Essai d’une méthode…, Page 2 § 3
« Le choix de la musique demande d’être mûrement considéré, ainsi que tous ceux qu’on fait dans la vie. Peu d’hommes ont le bonheur d’être destinés à la science ou à la profession, pour laquelle ils ont le plus de dispositions naturelles. Cet inconvénient vient souvent du défaut des connaissances de la part des Parents et des Supérieurs. Ceux-ci forcent quelquefois les jeunes gens, d’embrasser ce qui leur fait plaisir à eux-mêmes ; ou ils s’imaginent, que telle science ou telle profession est plus honorable et plus avantageuse qu’une autre ; ou ils désirent que les enfants apprennent le même métier de leurs Pères, et les forcent ainsi d’embrasser un genre de vie pour lequel ils n’ont ni amour ni disposition. Il n’est donc pas étonnant que les Savants extraordinaires et les Artistes excellents soient si rares. Si l’on avait plus d’égard aux inclinations des jeunes gens, si on leur laissait la liberté de choisir eux-mêmes ce à quoi ils montrent le plus d’inclination : on verrait plus de gens heureux et véritablement utiles à la société. Car il est évident que quelques médiocres artistes auraient eu plus de disposition à apprendre quelque métier et que quelques artisans seraient devenus savants et habiles artistes si on eut fait un juste choix. Je fais moi même un exemple de deux musiciens, qui ont eu en même temps, il y a environ quarante ans, un même maître et dont les pères étaient maréchaux ferant. Le père de l’un qui était riche et qui ne voulait pas que son fils devint un ouvrier commun, le destina à la musique. Pour cet effet il n’épargna aucune dépense. Il tint à son fils plusieurs maîtres pour lui enseigner, outres les autres instruments, la science de la composition. Mais, quoique le jeune homme montrât aussi de son côté beaucoup d’envie d’apprendre la musique et qu’il employât tous ses soins, il restait pourtant un musicien très commun et il eut été plus propre au métier de son père qu’à la musique. L’autre au contraire fut destiné par son père, qui n’avait pas de si grands biens que le premier, au métier d’un maréchal ferrant. Et en effet, il n’aurait appris que ce métier si, par la mort prématurée de son père, il n’eut pas eu la liberté de choisir lui-même à son gré un genre de vie. Ses parents lui proposèrent quatre différents partis, savoir s’il voulait être maréchal ferrant, tailleur, musicien ou homme de lettres, parce que parmi ses parents, il y avait des personnes de ces quatre professions là. Mais se sentant une forte inclination à la musique, il embrassa heureusement cet art et eut pour maître celui dont nous avons fait mention. Ce qui lui manquait ici en instruction et en biens pour pouvoir avoir d’autres maîtres, se trouvait suppléé par son talent, son inclination, son envie et son application, et par l’heureuse occasion de venir bientôt dans des endroits où il pouvait entendre de la bonne musique et profiter de la conversation de beaucoup d’habiles musiciens. Si le père eut encore vécu
Pour jouer de la flûte...
J. J. QUANTZ, Essai d’une méthode…
Page 4, § 4
"[…] un instrument à vent, et surtout la flûte, exige un corps parfaitement sain, une poitrine forte et qui ne soit pas empêchée ; une longue haleine ; des dents égales, qui ne soient ni trop longues ni trop courtes ; des lèvres qui ne soient pas enflées et grosses, mais

quelques années plus longtemps, ce fils de maréchal serait aussi devenu maréchal et par conséquent ses talents à la musique auraient été ensevelis et les ouvrages qu’il a fait après, n’auraient jamais paru au jour. Je ne parle point ici de plusieurs autres gens qui se sont appliqués la moitié de leur vie à la musique et en ont fait profession et qui après, dans un âge plus avancé, ont embrassé une autre profession dans laquelle ils ont, sans beaucoup d’instructions, mieux réussi que dans la musique. Si l’on eut fait embrasser à ces gens-là, dans leur jeunesse, le genre de vie qu’ils ne prirent qu’après, ils seraient devenus immanquablement les plus grands maîtres. »
minces, unies et fines, qui n’aient ni trop ni trop peu de chair, et puissent fermer sans peine la bouche ; une langue adroite avec beaucoup de volubilité ; des doigts bien faits, qui ne soient ni trop longs, ni trop courts, ni trop charnus, ni trop pointus, dont les nerfs soient forts ; enfin des narines ouvertes, pour pouvoir prendre et lâcher l’haleine avec facilité."
La flûte, le souffle, la poitrine, les poumons...
J. J. QUANTZ, Essai d’une méthode…
Page 22 §21
« Avant que de finir, je dois désabuser ici les personnes qui ont le préjugé de penser, qu’en jouant de la flûte on se fasse mal à la poitrine et aux poumons.

Il faut leur dire, que bien loin que la flûte leur soit nuisible, il n’y a rien de plus utile et de plus avantageux. La poitrine s’ouvre par là de plus en plus, et en devient plus forte. S’il était nécessaire, je pourrais faire voir par des exemples, que plusieurs jeunes gens, qui avaient l’haleine fort courte, et qui étaient à peine capables de jouer deux mesures sans discontinuer, sont enfin parvenus dans quelques années, à force de jouer de la flûte, à être capables de jouer plus de vingt mesures sans reprendre haleine.
De là on doit conclure, que jouer de la flûte est aussi peu nuisible aux poumons, que de monter à cheval, faire des armes, danse et courir. mais il ne faut pas en abuser, ni jouer d’abord après le repas, ni boire quelque boisson froide, quand on ne fait que de cesser de jouer et lorsque les poumons son encore dans une forte agitation. Personne ne disconviendra que la trompette exige des poumons bien plus forts, et beaucoup plus de forces du corps que la flûte. Néanmoins l’expérience nous apprend, que les gens qui font profession de la trompette, parviennent pour la plupart à un âge fort avancé. Je me souviens moi-même d’avoir vu dans ma jeunesse un jeune homme qui devint trompette, quoiqu’il fut d’une complexion très faible, et qui non seulement, s’exerçait avec beaucoup d’application sur cet instrument, mais qui même l’a porté assez loin. Il est encore en vie, se porte bien, et ne manque pas de forces. »